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De Davos à Nouriel Roubini: les menaces sur l'économie et les sociétes

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  • 22 mai 2023
  • 13 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 nov. 2023

La mode intellectuelle est au catastrophisme. La littérature économique développe la liste des menaces qui pèsent à court ou à moyen terme sur le Monde. Le Colloque de Davos exprime le pessimisme ambiant des « grands dirigeants » ; les assureurs cherchent à ordonner une « Cartographie » des risques en fonction de leur fréquence et de leur gravité supposées ; Nouriel Roubini prophétise les causes de la prochaine Grande Dépression. Les diagnostics sont convergents ; l’heure est grave sans doute. Mais les prophètes esquissent bien peu de solutions.

Les exercices de cartographie des « menaces » ou des risques que nos économies vont affronter à court ou moyen terme se multiplient. Nous avons choisi d’en rapprocher cinq : le Colloque annuel de Davos (18e Global Risk Report), le Baromètre des Risques « globaux » d’Allianz, la 6e Cartographie prospective des risques de France Assureurs (Fédération des Assureurs Français), les travaux de l’OCDE sur les « points de basculement » écologiques et le livre récent de Nouriel Roubini (le prophète de la Crise de 2008) intitulé « Mégamenaces ».


Les méthodes d’analyse de ces Cartographes sont différentes à trois niveaux. Davos se fonde sur des sondages d’opinion auprès des « dirigeants ». Roubini prophétise un retour perpétuel des causes historiques de crises, les mêmes causes (laxisme de la politique économique) produisant les mêmes effets : bulles de valeur d’actifs, explosion, stagflation et crise économique. Les professionnels de l’Assurance se situent plus près du marché des risques et donc, des coûts (sinistres /primes, capacité) de l’assurabilité – on parle plus des catastrophes naturelles que de l’écologie ou de la transition énergétique. L’horizon temporel est variable : Davos distingue court terme et moyen terme , les assureurs sont dans l’immédiat ou l’extrapolation des sinistres observés, l’OCDE dans le très long terme , Roubini dans la certitude que les catastrophes sont pour demain et qu’elles seront très graves.


Par ailleurs, ces Cartographies témoignent des orientations plus ou moins idéologiques de leurs concepteurs, voire des nécessités de la bien-pensance pour les personnalités qui ont exprimé leur opinion. La menace d’un échec des mesures prises pour assurer la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique doivent figurer dans la liste des menaces graves. Roubini parle même de « planète inhabitable ». L’OCDE exprime la conviction que pour la fonte des glaces du Groënland, des glaces de l’ensemble de l’Arctique et de la couverture glaciaire de l’Antarctique de l’Ouest, les « points de non-retour » (« tipping points ») sont dépassés et que la hausse du niveau des mers est inéluctable désormais.


Roubini s’émeut de la « démondialisation » de l’économie, du protectionnisme (qui appauvrit les pays pauvres et non les pays riches), le rejet de la mondialisation, le repli sur l’autosuffisance dans les secteurs considérés comme stratégique.


De façon plus originale, il s’émeut de la perte de pouvoir du Dollar qui, du fait de sa « militarisation » (les sanctions financières contre la Russie et le bannissement de cette dernière du système de paiements internationaux SWIFT), pourrait perdre son monopole de monnaie de réserve. Sa Cartographie serait donc celle des « menaces » qui pèsent sur le « leadership » américain.


Les résultats combinés de ces travaux ne permettent pas vraiment de hiérarchiser les « menaces », bien que Davos s’y emploie, mais de façon trop marquée par l’actualité :la guerre en Ukraine et plus généralement, le retour des menaces géopolitiques entre les nations, sans toutefois prononcer le nom de Taïwan, pour ne choquer personne .La liste ci-dessous n’est donc pas hiérarchisée ni dans les probabilités ou la proximité des survenances , ni dans la gravité des événements.


. L’inflation ou la crise du pouvoir d’achat figure le plus souvent en bonne place. Elle est la manifestation, sensible à tous ,de l’inversion de la politique monétaire des grandes Banques Centrales qui ont mis fin à une décennie d’argent facile, de taux d’intérêt bas, voire négatifs et d’achats massifs d’actifs par les Banques Centrales. Celles-ci reviennent à leur mission initiale de lutte contre l’inflation, abandonnant le « glissement de leur mission », commencé en 2008, vers le maintien « quoi qu’il en coûte » de la stabilité financière (subprimes aux Etats-Unis, crise de la dette grecque et de l’Euro).


Roubini détaille les conséquences néfastes de ces politiques et montre qu’elles sont responsables (mais bien avant 2008 déjà), des cycles d’expansion/récession qui remontent finalement, selon lui, à l’abandon par Nixon de la convertibilité du Dollar en or en 1971. Les autres auteurs craignent que le durcissement –inéluctable- de la politique monétaire ne conduise à la « stagflation », croissance nulle et inflation forte. Roubini rappelle la longue crise de « stagflation », des années 70, tout en soulignant que la solution depuis les années 80 a été l’injection de liquidités dans l’économie mondiale qui a culminé dans la dernière décennie.Presque tous les auteurs soulignent que cette « stagflation » sera porteuse de désordres sociaux importants : ce sont les diverses formes de « crise du pouvoir d’achat » et de révoltes contre les inégalités (Allianz, France Assureurs).


Davos évoque l’inversion des tendances économiques et l’ouverture d’une période de faible croissance et à demi-mot, évoque les incertitudes sur la sortie de crise chinoise, post « Zéro Covid ». Personne ne dit trop clairement que la reprise d’une forte croissance en Chine serait probablement un facteur majeur de relance de l’économie mondiale (ce serait avouer notre dépendance), mais aussi un facteur de reprise de l’inflation dans l’ensemble des secteurs industriels, énergétiques et de matières premières.


. Roubini est seul à mettre l’accent sur la crise de l’endettement public et privé qui nous menace. Davos l’évoque comme un facteur de risque à moyen terme. L’intérêt de l’ouvrage sur les « mégamenaces » est d’attirer l’attention sur la généralité de la crise d’endettement, les dettes privées (y compris et surtout en Chine) et leur incidence sur la surévaluation des autres actifs (les actions), les dettes des pays pauvres et les dettes des Etats industrialisés.

Roubini s’étend sur la reprise récente des défauts de paiement des pays émergents (le Sri Lanka, mais aussi de nombreux pays africains) comme dan les années 80 où le problème avait été résolu par des injections de fait de masses de liquidités par restructuration des dettes des Etats du Tiers Monde. Mais après ce constat de l’imprévoyance des Etats, de l’absence de moyens budgétaires en alternative à l’endettement , de « glissement » des Banques Centrales ve monétisation de la dette, accompagné d’un risque de perte de leur indépendance (la FED américaine s’implique de façon croissante dans le pilotage de l’économie) et finalement du caractère « insoutenable » de la dette, les auteurs ne sont guère imaginatifs quant aux solutions. Pour désendetter les Etats, il faut réviser leurs priorités budgétaires, tandis que le coût de la dette augmente avec les taux d’intérêt.


. La guerre est évidemment présente sous diverses dénominations. Depuis l’agression de l’Ukraine par la Russie, la menace de guerres « chaudes » est devenue crédible pour les pays développés qui ont clairement négligé les théâtres plus lointains (l’Afrique, l’Ethiopie, l’Arménie) pendant la dernière décennie. La guerre « froide » avec la Chine inquiète les chefs d’entreprise et Roubini condamne l’aveuglement des Etats-Unis qui ont promu la Chine à l’OMC en posant l’égalité développement économique = démocratie. La Chine devient de plus en plus autoritaire et rejette le modèle occidental tandis que les pays émergents regardent la Chine avec admiration et ne s’associent pas plus qu’elle aux sanctions contre la Russie. La démocratie aurait-elle déjà perdu la guerre ?


Le « découplage » entre la Chine et les Etats-Unis n’en est pas moins onéreux de part et d’autre : la Chine est hégémonique dans une partie seulement de la technologie : l’intelligence artificielle, la robotique, l’énergie et les véhicules « verts », la biotechnologie, « l’ingénierie océanique », mais elle dépend encore des échanges avec les Etats-Unis dans d’autres domaines technologiques et pour le commerce courant (équilibre de sa balance de paiements).


Cela étant, Roubini n’exclut pas la guerre « chaude » : une erreur de calcul, les revendications territoriales sur Taïwan, l’espace, la création d’une alliance Chine, Russie, Iran à laquelle se joindraient le Pakistan et le Cambodge (?). La menace est alors, en particulier, une attaque israëlienne sur l’Iran.


Curieusement, aucun acteur ne souligne que le « réarmement » de fait en Occident après l’agression en Ukraine provoque une réallocation globale des budgets au profit des armements, ce qui conduira à des arbitrages douloureux dans d’autres secteurs de la dépense publique. Tous en revanche, considèrent que nous sommes menacés par la montée de la violence, extérieure et intérieure.


Le terrorisme n’est vraiment cité que par France Assureurs, alors que l’on peut attendre, avec les désengagements de divers pays de la lutte contre le terrorisme, une recrudescence de la violence. Mais Roubini, en particulier, semble plus inquiet du « populisme » en Amérique Latine et en Europe ainsi que de la « polarisation » de la vie politique, c’est-à-dire le succès croissant dans les démocraties dont les Etats-Unis, de mouvements extrémistes (Roubini et Davos). Davos s’émeut particulièrement, sous l’effet américain, de la polarisation de la vie politique.


. La démographie est abordée sérieusement par France Assureurs et par Roubini, et moins franchement, par Davos (sous l’aspect de la santé et des dépenses croissantes) et par Allianz, sous l’angle très spécifique des pénuries de main d’œuvre qualifiée ou non.


La plupart des textes soulignent les coûts croissants des régimes de retraite et des dépenses de santé et la perspective de réallocation des dépenses publiques de l’épargne. L’ensemble des problèmes démographiques rend l’immigration inéluctable (Roubini) dans certains pays : Etats-Unis, Europe et Japon, ce qui pose les problèmes sociaux et sociétaux que chacun connait. Roubini n’en insiste pas moins sur le fait que l’immigration soutient la croissance et contribue à l’équilibre des systèmes sociaux.


Les perspectives de crises d’approvisionnement en énergie, en denrées agricoles et en matières premières, avec les incidences particulièrement sensibles sur les chaînes de production (Allianz et France Assureurs) sont évidemment largement développées dans l’analyse de Davos qui trace des « scénarios » de rivalités pour la maîtrise des ressources. Il faut y voir la trace « médiatique » de la guerre en Ukraine, l’émotion allemande sur l’approvisionnement énergétique (Allianz). Roubini, financier et économiste, n’en parle pas : il sait que les crises de l’offre dans tous ces domaines sont de courte durée, même si les prix élevés nourrissent le retour de l’inflation. Il est en revanche plus attentif sur la disponibilité à long terme des métaux nécessaires à la transition écologique (lithium, graphite, terres rares).


Aucun de nos experts ne traite de la situation de la production d’énergie nucléaire ni de la disponibilité des énergies « vertes » dans une période de reprise possible de la croissance : c’est pourtant une menace certaine sur notre compétitivité.


A l’inverse et dans la même logique de sensibilité médiatique, la pandémie parait moins sensible aux analystes qui traitent des grandes maladies (cancer, cardio-vasculaire), des victimes de la pollution de l’air, des « maladies liées à la pauvreté » (Davos) et généralement de la situation des systèmes de santé et de l’allocation de ressources à ceux-ci, ce qui rejoint la question de la démocratie.


. Le changement climatique est une sorte de menace « imposée ». Les analystes rivalisent de superlatifs : Roubini traite de la « planète inhabitable » , de l’Afrique « bombe à retardement environnementale » (sécheresse, famine et croissance démographique). Les assureurs s’inquiètent des évènements naturels dont la fréquence et la gravité s’accroissent et d’une façon générale, d’une dégradation de l’environnement qui affecterait à long terme de nombreux aspects de l’activité assurantielle.


Roubini note, à juste titre, que les coûts de la disparition totale de CO² sont de l’ordre de 1.900 Mds $ par an, avec une croissance nulle. On comprend que l’Inde et la Chine aient fait valoir à la COP de Glasgow en 2022 qu’il n’était pas envisageable pour elles de réduire substantiellement leurs émissions de carbone. Roubini dit brutalement : la décarbonation en 2050 est impossible. C’est ce qui inquiète les assureurs qui soulignent que l’échec des stratégies d’inflexion du changement climatique est la vraie menace, surtout de nature sociétale (litiges multiples – on pense à la condamnation de l’Etat français pour non réalisation des objectifs environnementaux – dit « Procès du siècle » obtenue par les ONG environnementalistes-.


L’OCDE fait la liste des points d’application des « points de non-retour climatiques, la fonte des glaces du Groënland, de l’Ouest de l’Antarctique, de la calotte glaciaire de l’Arctique, la disparition des courants de l’Atlantique Sud (qui, paradoxalement, refroidirait l’Europe), la disparition du Pergélisol en Sibérie (émission de méthane) et la disparition progressive de la forêt boréale et évidemment de la forêt d’Amazonie.


France Assureurs n’hésite pas à placer en deuxième place le risque de dérèglement climatique là où les « bulles financières » sont au 8erang et la démographie au …22e. Allianz est plus modérée : les évènements naturels figurent au 6e rang (tempête d’hiver récente en Allemagne) et le changement climatique au 7e rang.


. Les risques technologiques sont diversement traités. Tous les analystes placent le risque « cyber » (cyber attaques notamment) dans les cinq premières préoccupations. Davos insiste sur les menaces sur la vie privée que présentent les nouvelles technologies . Les assureurs craignent les effets de la guerre cybernétique, le développement des interruptions de chaînes d’activité (Allianz) et globalement, les cyber attaques (France Assureurs) et la vulnérabilité des algorithmes.


Roubini propose surtout une vision très pessimiste de l’intelligence artificielle (IA) considérée comme une « mégamenace » en elle-même. Il développe une théorie catastrophiste de l’effet de destruction d’emplois par le recours à l’intelligence artificielle qui concernerait non plus les emplois peu qualifiés que détruisait naguère la robotique, mais tous les emplois, même les plus qualifiés.


L’intelligence artificielle serait la première révolution technologique de l’histoire qui diminuerait le nombre net des emplois de l’économie, alors que le credo schumpeterien de la « destruction créatrice » veut que les révolutions technologiques diminuent le nombre des emplois sans qualification, mais au profit de la création d’emplois plus qualifiés. Et l’intelligence artificielle s’en prendrait aussi aux métiers de services tels que les métiers de service de santé et de soins. La perspective, toute distante et probablement coûteuse qu’elle soit, n’en est pas moins inquiétante.


Roubini en vient à souhaiter la création d’un « revenu de base universel » (thème bien connu de la gauche française) car permettant de compenser les conséquences de l’intelligence artificielle et de sa généralisation sur le fonctionnement global de la société. Dans l’océan du catastrophisme convenu (fonte des glaces, stagflation), cette perspective de l’intelligence artificielle généralisée détonne par sa nouveauté et par sa solidité probable. Les probabilités de la fonte des glaces ou de la stagflation sont évaluées sur la base de l’extrapolation ou de la reproduction du passé.

Le développement de l’intelligence artificielle est probabilisé sur l’observation de la rapidité d’évolution actuelle des sciences et des techniques. La « menace » agitée par Roubini est donc bien réelle.


La plupart des experts insistent sur l’évolution négative du processus de mondialisation (Allianz, France Assureurs, Roubini, Davos). Pour les uns, il s’agit d’un repli protectionniste ou d’une volonté de sécuriser l’accès aux ressources naturelles importantes ou stratégiques ,et de garantir l’autosuffisance. Pour les autres, la démondialisation ou le ralentissement de celle-ci (« slowbalization » selon Roubini) est le produit de la polarisation des sociétés (Brexit, populismes européens, Trump) et surtout du retour de la guerre froide Chine/ Etats-Unis. Tous considèrent le phénomène comme certain et durable : le multilatéralisme des échanges commerciaux ne reprendra pas son cours tranquille des années 80/90. Tous le déplorent, en soulignant les effets positifs de la longue période de croissance du commerce mondial (2000-2020).


Nos experts sont manifestement sourds aux graves interrogations sur la désindustrialisation des pays développés et sur les dangers stratégiques des délocalisations lointaines : aucun ne parle des « fonderies » de puces électroniques concentrées à Taïwan, alors que tous parlent abondamment de la crise énergétique qui est politique (sanctions contre la Russie), mais non liée à l’offre . Le GNL remplace le gaz russe et la reprise des exportations vénézuéliennes compense aisément la disponibilité du pétrole russe. Quant au prix, c’est l’OPEP (l’Arabie Saoudite) qui a notifié à M. Biden le maintien des contraintes de production et de prix décidées antérieurement à l’invasion de l’Ukraine.


Enfin, les menaces financières sont clairement identifiées par la plupart des Cartographes. France Assureurs évoque les « bulles financières » (France Assureurs). Davos traite des modalités (et des dangers) du refinancement de la dette et Roubini est de loin, le plus disert. Il fustige évidemment le laxisme de la « nouvelle politique monétaire » dont il estime qu’elle crée des « bulles d’actifs » et donc, des crises à venir qu’il faudra soigner, comme par le passé, par de nouvelles injections de liquidités qui provoqueront de nouvelles bulles. Il critique et redoute la « militarisation » du Dollar, c’est-à-dire son utilisation comme arme dans les conflits que mènent les Etats-Unis (sanctions économiques, interdiction de SWIFT pour la Russie, interdiction d’utiliser le Dollar pour les transactions de pays tels que l’Iran et la Russie).


Roubini dessine un avenir où le Dollar perdrait son statut de monnaie de réserve au profit du Renminbi chinois (Yuan). On lit tristement que le « gourou » prédit la fin de l’Euro et de l’Union Economique et Monétaire en Europe. Enfin, et à juste titre, Roubini développe une attaque très vive contre les crypto-monnaies, estimant que le concept est victime de vices fondamentaux (coût, absence des caractéristiques nécessaires à la construction d’une monnaie) et non simplement d’une crise spéculative qui marquerait la fin de la période d’adolescence du concept.

L’auteur en profite aussi pour s’en prendre à diverses innovations des marchés financiers dont l’apparition est favorisée par le laxisme de la politique monétaire et qui sont, selon lui, des facteurs de « bulles » (le financement décentralisé et les NFT (Non-Fungible Tokens), instruments de spéculation sur le marché de l’Art moderne.


***

Ces cartes de risques ou de menaces sont évidemment discutables et montrent souvent « d’où parlent les experts » : le monde des affaires multinationales, les Etats-Unis, les préoccupations d’assurabilité des risques, la défense et illustration des thèses écologiques sur le climat et la biodiversité. Deux caractéristiques majeures se dégagent pourtant de ces travaux dont le caractère catastrophiste est naturellement inhérent à leur conception même.


La convergence des diagnostics est flagrante. La liste est pratiquement commune, sous réserve de différences quant à l’appréciation de la gravité et de la fréquence. Il faut juste noter qu’Allianz rappelle que l’incendie est une menace grave et constante et que France Assureurs souligne les menaces de règlementations abondantes et changeantes, ce qui n’est pas négligeable pour les entreprises ou les particuliers (interdictions diverses sur les véhicules automobiles). Pour le reste, une grande unanimité se fait sur les « menaces » auxquelles nous sommes exposés


Ces menaces sont, comme le souligne Davos, de plus en plus interconnectées. Les crises climatiques produisent des immigrations qui perturbent les sociétés d’accueil, la guerre et la démondialisation modifient les pratiques du commerce et mettent en risque les entreprises, le cyber risque menace et déstabilise la préservation des données personnelles, l’inflation accroît les inégalités et nourrit la multiplication des mouvements populaires et à terme, le fonctionnement des Institutions Politiques, etc..


En reprenant l’historique des nomenclatures des menaces de Davos, on ne peut que constater, non que le monde est plus menaçant, mais que la nature des menaces change. Roubini montre bien que les périodes que nous considérons comme pacifiques (la « Grande Modération » des années 90) ont été ponctuées de crises financières (Suède, crise du mécanisme monétaire européen, crise des monnaies d’Asie du Sud-Est, krach de LTCM aux Etats-Unis, « scandales » de Enron et WorldCom, etc..). Il n’en reste pas moins que les prophètes de malheur à venir ne sont pas, il s’en faut, les fournisseurs de solutions efficaces. Au mieux, ils les prophétisent douloureuses et longues, tout en rappelant l’aveuglement fréquent des politiques.


 
 
 

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