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Le risque démographique est-il celui que l’on croit ?

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  • 27 nov. 2023
  • 3 min de lecture

Au tournant de l’année 2023, les médias titrent sur l’expansion de la population mondiale et la prévision de 10 milliards d’habitants sur la planète en 2100. C’est le résultat d’une estimation (en avril dernier) de la population indienne à 1,4 milliard de personnes, dépassant la Chine.

Les évaluations de la population mondiale sont développées sur le mode catastrophiste, dans la perspective de la « crise alimentaire » déclenchée par la guerre en Ukraine (qui a finalement touché les exportations de maïs de l’Ukraine seulement quelques mois). L’idée traditionnelle est que la terre ne peut pas nourrir autant d’hommes : c’est le thème de « l’épuisement des ressources ». Le Figaro titre sur « Le défi de nourrir une population mondiale qui va dépasser les 10 milliards ». Ce chiffre fait d’ailleurs désormais figure de vérité.

Or, pour les Etats européens, la question est tout autre. Alain Bauer mentionne, dans son livre récent « Au commencement était la guerre » (Fayard. 2023), des perspectives démographiques très différentes de l’ambiance « catastrophiste » du surplus humain et de la famine ou de l’épuisement des ressources. « La population mondiale culminera vers le milieu du siècle et commencera à chuter ensuite : dès 2100, le nombre d’habitants sur terre pourrait être inférieur à celui d’aujourd’hui ». « Mais, on estime qu’un humain sur trois sera africain d’ici quelques décennies ». (Alain Bauer).

C’est donc une « catastrophe inverse » qui nous attend. D’ici 2050, l’Allemagne pourrait perdre 4 millions d’habitants, le Japon 20 millions, la Chine 110 millions et l’Italie 7 millions. En Europe, le Royaume-Uni et la France gagneraient, respectivement, 5 et 1 million d’habitants (grâce à l’immigration). Il est donc important d’éviter l’amalgame entre croissance de la population africaine (Algérie, Ethiopie, Egypte) et la rapide décroissance de la plupart des autres pays, notamment en Europe et en Asie. Même la fécondité en Inde va probablement régresser au cours du 21ème siècle. De même, la démographie n’est pas une menace pour l’approvisionnement des populations en produits alimentaires. La hausse des prix des céréales en 2022 ne s’est pas prolongée, et les clients traditionnels de la Russie et de l’Ukraine ont trouvé des disponibilités suffisantes en céréales. La France n’a souffert que d’une pénurie de moutarde ( !) due à la sécheresse au Canada. La famine est évidemment le résultat de conflits locaux (Ethiopie, Soudan, Yémen) et de l’appauvrissement de certains Etats souvent dû à la « mauvaise gouvernance ».

Les véritables risques démographiques pour l’Etat sont tout autres que la disette d’huile de tournesol et de moutarde.

- Le vieillissement des populations qui implique plusieurs sujets : niveau et pérennité des retraites, activité des séniors (ou question de l’âge de la retraite), vie quotidienne et, éventuellement, dépendance. Sur ce dernier point, les politiques publiques de la plupart des Etats sont, sinon inefficaces, en tout cas sous-productives .En outre, le vieillissement est le principal facteur d’accroissement des dépenses de santé, ce qui rend assez vain le discours des dernières décennies sur la « maîtrise des dépenses de santé ».

- Le risque économique global de baisse tendancielle de la productivité dans l’économie. A notre connaissance, ce sujet ne fait l’objet d’aucune étude sérieuse actuellement.

- Le risque « sociétal » lié à la reconnaissance du caractère inéluctable pour les économies européennes de l’immigration et, singulièrement, de l’immigration méditerranéenne et africaine, voire indienne. Alain Bauer et d’autres rappellent que le Pakistan, l’Afghanistan et l’Irak comptent parmi les pays où la croissance de la population est la plus forte.


 
 
 

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